dimanche 23 octobre 2011

Jim Morrison, Poète du Chaos dans Lyon Plus (par Sébastien Calemard)



Jim Morrison, Poète du Chaos, dans Lyon Plus. Le journaliste Sébastien Calemard.

Pour ceux qui n'arrivent pas à lire :

« Quand j'étais enfant, j'étais un peu autiste. Solitaire, rejeté. C'est pourquoi je me suis réfugié dans le dessin». Il a bien changé, Jef. Plus rien à voir avec le petit garçon timide qu'il décrit. Jean-François Martinez (son vrai nom), né à Oullins il y a 37 ans, manie même le verbe à merveille quand il raconte son parcours dans la bande dessinée et sa passion pour la musique. D'autant que ses deux vocations se rejoignent dans son dernier album, « Jim Morrison, poète du chaos » (scénarisé par le journaliste Frédéric Bertocchini), qui retrace la vie du mythique leader des Doors. « Je suis vraiment fan. Ce livre, c'était une sorte de rêve », explique le jeune homme, conscient d'avoir relevé« un gros défi », puisque le projet lui a été soumis au printemps dernier. « J'ai dessiné 116 pages en trois mois. Autant dire que je n'ai pas pris de vacances », rit Jef, plongé corps et âme tout l'été dans les méandres de l'esprit torturé du poète disparu. « Ce qui est important dans l'album, c'est cet état d'esprit, plutôt que la véracité des faits », dit-il. Encore troublé par l'expérience :« J'avais peur de ne pas être à la hauteur, notamment pour représenter le regard de Jim, si important. Je voulais que ce soit vraiment lui ». Mission brillamment accomplie par cet autodidacte à la trajectoire atypique, formé dans la pub avant un premier essai BD (la trilogie « L'Epée noire de Pentaskel », scénarisé par Myrddyn's au début des années 2000) puis un intermède de trois ans (« J'ai beaucoup filmé et voyagé, réalisé un documentaire »)préalable à une « rechute » dans le dessin, qu'il espère aujourd'hui définitive. Une rencontre déterminante (Eric Corbeyran, illustre scénariste, lui a écrit « Une Balle dans la tête ») et Jef était lancé sur la voie de la réussite, qu'il sillonne à nouveau avec la série « 9/11 », « un blockbuster, thriller géopolitique sur la genèse du 11-Septembre » (écrit par Jean-Claude Bartoll, ancien grand reporter) dont le premier volume est sorti à la rentrée. Jef prépare la suite, prévue pour avril (et septembre pour le tome 3), et planche sur « un roman graphique parlant de voyage et de drogue à la fin des années 60, scénarisé par Thomas Kotlarek, mon meilleur pote ». Car aujourd'hui, c'est sûr, Jef n'est plus seul. A défaut d'une « perception » psychédélique chère à Jim Morrison, les «portes » d'un succès bien réel lui semblent grandes ouvertes.

« Avec Frédéric Bertocchini (le scénariste), nous n'avons pas aimé le film d'Oliver Stone », dit Jef à propos de « Jim Morrison, poète du chaos ». Quand le cinéaste américain (en 1991) faisait principalement passer le chanteur des Doors pour un alcoolo-toxico, le Lyonnais et son compère s'appliquent à souligner le côté maudit d'un poète avant tout solitaire, aux textes bénis par des mélodies héroïques. Le trait de Jef se prête parfaitement au propos, pour une belle réussite graphique. > «Jim Morrison, poète du chaos »,de Frédéric Bertocchini et Jef (éditions Emmanuel Proust), 116 pages, 18 euros.

Sébastien Calemard

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