mardi 1 mai 2012
Critique Le Bagne de la Honte sur la Cliothèque
Une critique plutôt sympa, signée Guillaume Bellinchi, sur le site La Cliothèque.
Pour ceux qui n'arrivent pas à lire :
Le scénariste Fréderic Bertocchini et le dessinateur Eric Rückstühl forment un duo d’ auteurs de bande dessinée talentueux ayant déjà réalisé une biographie dessinée de Pascal Paoli. Le bagne de la honte est le fruit de leur nouvelle collaboration. Cette histoire est aujourd’hui publiée sous forme d’intégrale aux éditions régionales DCL. Il s’agit donc d’un coffret réunissant deux volumes se faisant suite, publiés précédemment de façon indépendantes, et intitulés Castelluciu et Francesca. Cette histoire a obtenu le Grand Prix BD d’Ajaccio 2011 (Prix de la Ville d’Ajaccio).
Le bagne de la honte est une histoire inspirée de faits réels, décrivant un « monde retrouvé », dans la Corse du XIXème siècle, autour des années 1855. En effet, les histoires de fictions racontées dans l’ouvrage, toutes vraisemblables, ont été écrites à partir de bribes d’archives concernant de jeunes bagnards ayant réellement existé. Cette bande dessinée s’inscrit donc dans le contexte historique de la France de Napoléon III , dans un bagne pour mineur construit sur l’ile de beauté, dans la région d’Ajaccio. Le lecteur suit alors les destins tragiques de jeunes bagnards venus du continent, orphelins et petits délinquants, inspirés des noms retrouvés par les auteurs dans les registres oubliés de l’institution pénitentiaire de Castellaciu. Trois personnages se distinguent, Antoine Teurice, narrateur, ami et protecteur de Joachim Evain, souffre-douleur puis héros tragique du bagne, et enfin,Xavier Trouvé,présent seulement dans le premier tome, mais au rôle marquant de méchant tourmenté,
Grâce à un graphisme agréable, on suit une histoire à la facture classique mais prenante et émouvante. Ce qui est bien traité sans trop de démonstrations c’est la France du Second Empire, une France qui se modernise et se transforme. On y perçoit les mutations sociales et politiques du pays : de l’intégration naissante et progressive des régions dans un projet national à la naissance d’une classe ouvrière prolétarisée aux enfants perdus et réprimés. On y évoque également des questions géopolitiques comme la guerre de Crimée, les navires de guerre y participant croisant sur les rives méditerranéennes. Le bagne de la honte repose sur un travail de recherche documentaire sérieux et approfondi des auteurs, dont les notes explicatives délivrées à la fin de l’ouvrage révèlent l’existence. La Corse est un décor essentiel mais ce n’est pas l’enjeu principal de l’histoire. Cela évite à cette bande dessinée de tomber dans un régionalisme excessif et de proposer une vison très juste de la région et de l’époque dans sa description de personnages locaux aux rôles forts et aux personnalités contrastées.
Il est possible de tirer un usage pédagogique intéressant de cette bande dessinée, pour les collègues enseignant en Corse mais aussi dans le reste de la France. C’est un bon exemple d’illustration de la question des Droits de l’enfant que l’on peut mettre en relation et en écho avec Melancholia de Victor Hugo et « tous ces enfants dont pas un seul ne rit ». Cette bande dessinée est donc utilisable en classe de 6ème et peut être intégrée lors de séquences d’éducation civique, juridique et sociale portant sur les droits et devoirs de l’enfant.
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